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PLANTE TINCTORIALE | Le marronnier

L’an passé, avec Suzy Gallo, de l’association Colore ton monde, nous avons mis en commun nos cueillettes pour créer des nuanciers de plantes tinctoriales locales.

Je vous propose ici une série de 3 articles sur la teinture avec des plantes tinctoriales locales que j’ai rédigé pour Colore Ton Monde :

  • Un article sur une « mauvaise herbe » : la grande chélidoine
  • Un article sur un arbre emblématique de la Méditerranée : l’olivier
  • Un article sur un arbre commun : le marronnier d’inde

Quelques mots sur la cueillette

La cueillette est un moment privilégié de reconnexion à la nature mais quelques règles sont à respecter pour ne pas perturber nos écosystèmes déjà bien malmenés.

Voici quelques conseils :

  • Se munir d’un sécateur pour éviter d’arracher les racines ou d’endommager la plante
  • Prélever uniquement ce dont vous avez besoin et laisser toujours derrière vous 75% d’une population en place : cela permet à la plante de se reproduire et aux animaux de continuer à se nourrir de ces plantes
  • En forêt, rester sur les sentiers et éviter le cœur des forêts pour ne pas perturber la faune
  • Ne pas cueillir d’espèces protégées : chaque région répertorie les plantes protégées dans un arrêté préfectoral, n’hésitez pas à les consulter.

Le marronnier d’Inde

Le marronnier d’Inde ne vient pas d’Inde mais de Grèce !

Il a été introduit en France au début du XVIIe siècle et a été planté dans les villes et les grands parcs des châteaux. Il est très répandu dans les villes.

Le marronnier est un arbre aujourd’hui menacé par diverses maladies et ravageurs. Dans certains parcs, comme au Jardin du Luxembourg, il est progressivement remplacé par d’autres essences plus résistantes, telles que le micocoulier, le sophora ou le chêne chevelu.

Le marronnier est surtout connu en phytothérapie : c’est l’aesculine, substance contenue dans le fruit et l’écorce du marronnier qui est utilisée pour soulager les problèmes circulatoires.

A noter que le fruit du marronnier n’est pas comestible ! Les marrons que l’on déguste à Noël sont les fruits du châtaignier.

Alors pourquoi appelle-t-on communément les châtaignes « marrons » ?

Une des explications viendrait du fait qu’en italien « châtaigne » se dit « marrone ». Une autre explication serait que la châtaigne considérée comme le fruit du pauvre aurait été renommée lorsqu’elle s’est retrouvée sur la table des riches familles.

Teindre avec les feuilles de marronnier

Presque toutes les parties de l’arbre peuvent être utilisées en teinture : l’écorce, les branches, les rameaux et les bogues.

Nous avons utilisé les feuilles de marronnier.

Habituellement, les feuilles sont plutôt cueillies à l’automne quand l’arbre est riche de tanins, ce qui donne des tons bruns.

Pour notre session de tests, les feuilles ont été cueillies au printemps, ce qui explique certainement le fait que nous ayons obtenu – à notre grande surprise – ce jaune très lumineux.

Les feuilles ont été utilisées sèches pour la teinture. C’est pourquoi nous avons appliqué un pourcentage de poids de fibre de 100% : 100g de tissu pour 100g de plantes.

Si nous avions utilisé les feuilles et rameaux frais, nous aurions appliqué un pourcentage de poids de fibres supérieur de l’ordre de 200 à 300 %.

Mordançage

Les fibres ont été préalablement mordancées :

  • Pour les fibres cellulosiques, je vous renvoie vers mon article sur le mordançage
  • Pour la laine et la soie, le mordançage a été fait avec de l’alun de potassium.

On observera d’ailleurs que le nuançage au fer ne donne pas le même résultat en fonction de la technique de mordançage utilisée.

Macération et décoction

Nous avons laissé macérer la matière sèche 1h à 2h dans l’eau avant de procéder à la décoction.

Pour la décoction, nous avons fait chauffer le mélange [plantes + eau] à petits bouillons pendant 30 minutes à 1heure avant de le laisser refroidir.

Teinture

Après avoir filtré les feuilles et les rameaux, nous avons fait chauffer progressivement le bain avec les fibres préalablement humidifiées pendant 50 minutes pour l’amener à une température de 80°C.

Pour créer notre nuancier, nous avons utilisé :

  • Des tissus en fibres naturelles tous mordancés : de la laine, de la soie, du lin et du coton
  • Une partie des tissus a ensuite été nuancé au sulfate de fer

La palette obtenue offre des nuances de jaune / ocre mais une cueillette en automne donnera des tons davantage bruns.

Le nuançage au fer permet d’obtenir une palette allant du vert pour les fibres protéiniques au marron pour les fibres cellulosiques.

J’espère que cet article vous a plu :

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Florence

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